L'épaisseur de ses murs garde le souvenir de ceux dont il a croisé l'histoire : Richard Cœur de Lion, Simon de Montfort, les Seigneurs de Beynac et des 4 baronnies du Périgord qui tenaient conseil dans la salle des Etats.
On raconte parfois que résonne encore, au cœur de la forteresse, l'écho des batailles de la Guerre de Cent Ans.
En ces temps-là, les couronnes de France et d'Angleterre avaient pris la Dordogne pour frontière.
Sur les hauteurs de l'un des plus beaux villages de France, le Château de Beynac vous invite à un voyage unique au cœur du Moyen-Age entre Ciel et Terre.
Près de 1000 ans d'Histoire prennent leur source au pied de la falaise, dans les méandres de la Dordogne.
Avec les pluies de l'automne et du printemps, le fleuve devient navigable. C'est le plus sûr chemin pour Bergerac et le Bordelais. Sur son cours sinueux, naviguent des bateaux à fond plat - aujourd'hui appelées Gabarres - qui transportaient alors noix, châtaignes, bois ou vin du Périgord.
Chacun d'eux s'acquittant auprès du Seigneur de Beynac d'un droit de passage. Dès le XIIIème siècle, des pêcheries seigneuriales réputées pour leurs saumons, sont installée dans la rivière en contre-bas du Château.
La situation stratégique de Beynac contrôlant voies routières et voies navigables augmentait encore le pouvoir économique du château qui fait du Seigneur un personnage puissant au XII et XIIème siècle.
Le donjon est la plus ancienne partie du château.
Il est la tour la plus haute d'un château fort au Moyen Age. Bâti au XIIe siècle, le donjon permet de surveiller les terres et la vallée qui l'entourent. Il s'agit d'un ouvrage militaire et défensif, aux murs épais, et aux ouvertures étroites.
Lieu de repli en cas de conflit, il ne présentait pas d'entrée à sa base. On y accédait par le premier étage grâce à une échelle escamotable. En temps de paix, on vivait dans un domicilium en bois, remplacé à la fin du XIIe siècle par un bâti de pierre qui abrite, encore aujourd'hui, la Salle des Gardes et la Salle des Etats du Périgord.
La Salle des Gardes est la Salle Basse du logis seigneurial.
Celle-ci fut accolée au Donjon à la fin du XIIème siècle. Le Seigneur, ses hommes d'armes et leurs montures y pénétraient par la porte en tiers-point qui se trouve en face de vous.
A l'origine, cette porte bénéficiait très probablement d'une fortification avancée permettant sa protection. Le Seigneur seul pénétrait dans le logis sans mettre pied à terre.
La Salle des Etats tient son nom des réunions qu'y tenaient très probablement les quatre Barons du Périgord au XVème siècle.
Le Comté du Périgord est historiquement rattaché au Duché d'Aquitaine. Au sortir de la Guerre de Cent-ans, quatre Baronnies pèsent sur le destin du Comté.
Les quatre plus importants Barons du Périgord sont ceux de Bourdeille, Biron, Beynac et Mareuille. Chacun prétend naturellement au titre de premier Baron du Périgord.
L'oratoire, ouvert sur la Salle des Etats, est entièrement décoré au XVème siècle de fresques parmi lesquelles une Pieta et une Cène sont représentées.
Le blason des Beynac y apparait. On raconte que les cinq traces rouges, sur le fond or, correspondent aux cinq doigts du Seigneur de Beynac qui, blessé après un combat, posa sa main sur un bouclier d'or.
L'escalier date du XVIIe siècle. Il a été conçu pour desservir les appartements méridionaux, décorés à cette même époque.
Pendant la période de la Renaissance, confort et apparat se développent. Les escaliers à vis laissent la place aux escaliers droits. Paliers de repos, rampes avec balustres ouvragées, mains courantes continues laissent transparaitre l'influence italienne.
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C'est au milieu du XVIIème siècle (vers 1640) que l'on doit les somptueux décors de la salle des armures et du cabinet.
La salle dite « des armures » est ornée de lambris peints et jusqu'au plafond, le décor des poutres est particulièrement soigné. La salle des armures se pare d'une cheminée de noyer, peinte également. Sur le linteau, apparait le très reconnaissable blason des Beynac burelé d'or et de « gueules » rouges.
Voici le véritable trésor de Beynac : la vue imprenable offerte aux Seigneurs depuis les hauteurs de la Forteresse.
C'est ce point de vue unique sur la vallée qui fut à l'origine du premier donjon, c'est ce point de vue qui fit la puissance et la force de Beynac, c'est en lui que se fonde tout l'esprit de la plus authentique forteresse du Périgord. Car ici plus qu'ailleurs, le Château et la vallée ne font qu'un.
Ademar de Beynac s'éteint sans héritier direct en 1194.
A cette époque, Richard Coeur de Lion est Roi d'Angleterre, Duc de Normandie et Duc d'Aquitaine par sa mère, Aliénor.
La Baronnie des Beynac étant rattaché au Duché d'Aquitaine et Ademar de Beynac ne laissant aucun héritier direct, c'est donc légitimement que Richard Cœur de Lion offre la Châtellenie de Beynac à l'un de ses plus fidèles compagnons auquel il avait confié la garde de ses Châteaux d'Aquitaine durant la croisade : le routier Mercadier.
Ajoutées lors de la campagne de construction du XIIIème siècle, leur édification change profondément l'apparence du château.
En se dotant d'une telle cuisine, les Seigneurs de Beynac font une fois encore acte de puissance et preuve de richesse.
Les crochets fixés au plafond permettent de placer les vivres hors de portée des rats.
Le sol en pisé se fraie un chemin dans le roc à même lequel sont bâties ces cuisines. L'imposante cheminée bien que remaniée laisse entrevoir son arc d'origine. Réservée au château et grandes abbayes, la cuisine pouvait faire rôtir ses viandes, on y disposait également d'un four à pain, ce dernier aliment étant à la base de tous les repas.
La barbacane est une fortification avancée destinée à protéger l'entrée principale de la forteresse et ralentir la progression d'ennemis qui seraient parvenus jusqu'aux portes du château.
La barbacane constitue un sas entre l'extérieur et le château, ainsi qu'un bouclier pour ce dernier.
Sous ses airs rustique, cet espace est un concentré de génie militaire, une véritable machine à tuer.
La barbacane actuelle date du XIXème siècle. Toutefois, sa restitution minutieuse nous permet de comprendre le fonctionnement d'un tel dispositif défensif.